jeudi 25 février 2016

La prise de décision par Loomio

La prise de décision est difficile au début de la création d’un collectif. Même si nous semblons d’accord pour prendre nos décisions par consentement ou, mieux encore, par consensus, ce type de processus requiert des habiletés qui vont se développer avec le temps mais qui sont loin d’être familières pour la plupart des membres du collectif. D’autre part, nous avons beaucoup à faire et il devient vite frustrant de voir le groupe s’enliser à chaque rencontre dans des discussions qui n’en finissent plus et conduisent rarement vers des décisions convenant à tous. Dans notre groupe, nous avons récemment fait l’essai de l’outil Loomio pour la prise de décision. C’est un outil que j’ai beaucoup apprécié et dont j’entrevois l’énorme potentiel une fois les difficultés d’intégration dépassées. Il s’agit d’ouvrir au départ un fil de conversation sur un sujet et dans un contexte précis. N’importe quel membre du collectif peut ouvrir un fil de conversation. J’ai ainsi proposé une conversation concernant la rédaction d’un document pour lequel nous avions une échéance de production. Un groupe de travail (3 personnes) s’est réuni et a consulté les autres membres du collectif (6 autres personnes) par ce fil de conversation en y déposant une première puis une deuxième ébauche du document à produire. Nous avons respecté notre échéance tout en favorisant l’implication de tous.  

Loomio fonctionne en fait exactement sur le modèle de la prise de décision par consentement qui est à la base de la sociocratie et de plusieurs autres approches de démocratie participative. Il s’agit de circonscrire un thème à propos duquel nous souhaitons parvenir à nous entendre. Il y aura d’abord une conversation générative où tous seront libres d’apporter leur contribution. Puis quelqu’un fera une proposition ou chacun viendra (ou non) donner son avis. La conversation et les propositions se poursuivent jusqu’à ce que l’on parvienne à une version acceptée qui devient une décision concertée.
La clé de ce processus est l’engagement de tous et la qualité d’écoute que s’offrent les membres du collectif entre eux. L’écoute mène à la compréhension et favorise, en bout de ligne, la qualité des décisions.

Dans notre petit groupe, nous apprenons à reconnaitre le moment où un thème est assez mûr pour que l'on puisse formuler une proposition. 

lundi 22 février 2016

Réflexion sur les outils collaboratifs en ligne

Aujourd’hui, toute organisation (et plus particulièrement les OBNL et les communautés de pratiques qu’elles sous-tendent) possède une composante en ligne. La plus simple expression de cette composante est l’échange de courriels avec documents attachés lorsque nécessaire.

Qu’elles soient faites en présentiel ou en différé par des moyens technologiques, nous cherchons, par nos communications, à développer notre intelligence collective[1]. Les modèles et les concepts en lien avec l’intelligence collective prolifèrent aujourd’hui. Lorsque vient le moment de choisir des outils en ligne, chacun y vient avec son histoire personnelle, sa vision des choses et son attachement aux outils qu’il connaît et maitrise déjà. Il est toutefois important de se rappeler que la technologie n'est qu'un support de l'intelligence collective et non un moyen de l'obtenir. Dans un environnement effectif et bien intégré, chaque individu trouve un bénéfice à collaborer (parfois instinctivement). Lorsque la collaboration devient fluide, la performance de chacun et celle du groupe dans son ensemble se trouvent renforcées et nous avons plaisir à créer ensemble.

Je fais partie d’une petite communauté naissante, qui comprend 9 membres actifs en ce moment. Nous avons entrepris récemment d’explorer quelques outils pouvant nous permettre de collaborer en ligne en dehors des rencontres. Une première réflexion nous a permis de voir quels étaient nos besoins. Les voici en bref :
  • PRENDRE DES DÉCISIONS par consensus ou par consentement en évitant de surcharger nos rencontres en présentiel.
  • Collaborer à la création/rédaction de documents jusqu’à l’obtention d’une version FINALISÉE sur laquelle nous nous entendons.
  • Partager entre nous les documents finalisés de telle sorte que tous puissent prendre connaissance de notre création commune.
  • Conserver les documents selon une méthodologie et dans un environnement sur lequel nous nous sommes entendus de telle sorte que nous puissions les retrouver facilement.
  • ÉTABLIR UN CALENDRIER de rencontres à l’avance pour la période intensive de création des bases de la communauté.
  • GÉRER éventuellement notre communauté virtuelle en ligne en ayant une visibilité et des moyens d’interaction sur le Web.

Dans l’exploration actuelle, certains parlent d’OUTILS COLLABORATIFS et d’autres de PLATEFORME COLLABORATIVE. Une plateforme collaborative (tel Acollab) intègre en fait plusieurs outils collaboratifs (ex : un wiki, un forum, etc.). Dans la liste des besoins énumérés précédemment, les 5 premiers points sont du domaine de l’INTRANET tandis que le point 6 concerne INTERNET c’est-à-dire notre visibilité sur le Web. Ma réflexion se poursuivra ainsi en plusieurs articles dont les premiers traiteront de la prise de décision et de la rédaction de documents.
Je terminerai ici avec une parole très sage de Jean-Michel Cornu : «J’ai perdu tant de communautés qui ont été remplacées par des jolis outils que je suis devenu méfiant du financement des communautés par ceux qui ne comprennent par leur dynamique ».   




[1] Selon Pierre Levy, l’intelligence collective a comme caractéristiques: (1) décentralisation du savoir et des pouvoirs, (2) autonomie des individus valorisés en tant que créateurs de sens, (3) expansion d'un espace intersubjectif dégagé des contraintes économiques et étatiques, (4) interactivité constante entre les individus et leur environnement, (5) désagrégation des structures massives au profit d'entités autonomes, petites et conviviales, (6) émergence d'une nouvelle convivialité et d'une nouvelle éthique. Le Web, favorisant ce genre d’échanges par des initiatives telle celle du forum en ligne, est un théâtre idéal pour le développement des communautés. (LEVY, Pierre (1997) L’intelligence collective : pour une anthropologie du cyberespace, La Découverte/Poche)